jeudi 19 décembre 2013

Mon top 10 des vins les plus excitants de 2013



Pour mon top 10 de l’année, je vous épargne la bouteille mythique, chère, dont j’ai bu un dé à coudre en une seule occasion. Je vous présente une liste de vins parfois abordables, parfois hauts-de-gamme, parfois disponibles, parfois non. Je vous présente surtout une conclusion pour chaque vin, une suggestion de comment profiter de ce top 10. Parce qu’outre l’idée de faire étalage une liste de bouteille bue, j’espère que ça contribuera à vous donner la piqûre, et à vous faire boire plus de bon vin… Et à comprendre la passion démesurée de vos « winesnobs » favoris!


Mon top 10 vins de l’année

No. 10
Laurens, Clos des demoiselles, crémant-de-limoux 2011, 22,20$
Oui, j’aimerais mieux boire du Krug à tous les jours. Mais la différence de prix entre les grands Champagnes et les mousseux bien faits produits à l’extérieur de cette région est tellement grande que je préfère souvent me rabattre sur cette deuxième option. Dégustée régulièrement au cours des dernières années, je suis toujours séduit par ces bulles produites dans le sud de la France sous l’appellation crémant-de-limoux, des mousseux constitués en intégrant généralement plus de chardonnay que les plus célèbres blanquettes-de-limoux. Juste assez « dosé » pour avoir de la rondeur, mais avec un fini plutôt sec malgré tout. Des parfums de poire, de pâtisserie. Beaucoup de plaisir sans que ce soit compliqué à l’apéro.
Conclusion : C’est généralement dispo à l’année, à 23$. Ça vaut le coup d’au moins le goûter pour voir si c’est dans vos cordes! Sinon, optez aussi pour les crémants du Jura, présentant souvent un style plus oxydatif mais vraiment intéressants à bon prix.

 

No. 9
Channing Daughters, cuvée « Enveloppe » 2010, South Fork of Long Island, New York, 42$
Un ovni du monde du vin. Ma première rencontre avec le concept de « vin orange », des vins élaborés un peu comme des vins rouges, en laissant macérer les peaux de raisins avec le jus pour extraire de la couleur, et surtout des parfums rarement rencontrés. Sur un registre assez déroutant de thé au jasmin, de poivre, de pêche, de pâtisseries du nord de l’Afrique parfumées à l’eau de rose ou à l’eau de fleur d’oranger. Assez intense, ample. Bon, mais surtout curieux, et assez réussis. Bon aussi parce qu’acheté au domaine lors d’un voyage pour découvrir les vignobles de la région de Long Island, et parce que partagé en fin de soirée avec un ami chef qui voulait découvrir ce concept de vin orange. Bon parce que le plaisir des sens en dégustation est indissociable du plaisir relié au partage, à l’histoire derrière chaque bouteille, et aux souvenirs qu’on construit autour de ces moments… Bon parce qu’après 10 ans passés à m’intéresser au vin, c’est rassurant d’être encore renversé, séduit, dépaysé par une région qu’on je ne connaissais pas et qui élabore des vins particuliers et de qualité.
Conclusion : Vous ne trouverez vraisemblablement pas ce vin. Ma suggestion par contre : Prenez la peine de visiter, en 2014, une région viticole avoisinante. Le québec, pourquoi pas? Les Finger Lakes (NY), Long Island (NY) ou encore la péninsule du Niagara, toutes situées environs à 6 heures de route? Encore moins loin chez nos voisins de l’Ouest, la région de Prince Edward County, à environs 4 heures d’auto! Une super façon de passer une longue fin-de-semaine, de découvrir une nouvelle région, et de se construire des souvenirs autour de bouteilles à partager à notre retour. Et comme toujours lorsqu’on voyage, le plus intéressant c’est souvent le chemin parcouru, et non la destination…
En terminant, si vous voulez tout de même essayer un vin orange sans faire 4 heures de route, celui de la maison sicilienne « Cos » disponible en succursale pour environs 27$ vous permettra d’avoir un aperçu du style.

 

No. 8
Château Cambon-la-pelouse, Haut-médoc 2010, 28,20$
Dans notre quête de découvertes, de curiosité, de nouveautés, de vins oranges, de bières vieillies en fûts avec des levures sauvages, on oublie parfois de regarder dans le rétroviseur. Avec le temps qui passe, et plus j’ouvre mes horizons, paradoxalement, plus je suis content d’avoir mis des vins de bordeaux en cave à mes débuts. Effectivement, on  est rarement déboussolés par ces vins, mais lorsque le temps a fait son œuvre, ils me charment encore par leur caractère austère, sérieux, droit. Les accents de sous-bois, de cuir, de graphite qu’ils développent sont tellement loin des accents primaires apportés par le fruit, ou de ceux que l’élevage en fût à prime abord, qu’ils m’émerveillent encore… Et pas besoin d’acheter des bordeaux hors de prix pour vivre ces moments. Le château cambon-la-pelouse est un bon exemple de vin irréprochable qui tiendra la route quelques années. J’ai l’occasion de le déguster assez fréquemment, grâce à un ami qui en raffole, et c’est toujours un plaisir peu importe le millésime.
Conclusion : Présentement, le 2010 est disponible sous la barre des 30$, une affaire en or. Un millésime qui a donné des vins plutôt structurés à Bordeaux. Dans ce cas-ci le vin est malgré tout déjà sympa, suffit de carafer, ou encore mieux, de patienter quelques années…

No. 7
Domaine Olivier, « Le temps des C(e)rises », santenay 2010, 25,00$
Le rouge que j’ai acheté à la caisse au début de l’année et que je pensais boire tout l’été, mais, hélas, dont j’ai manqué à la fin du printemps, c’est vous dire à quel point toutes les occasions étaient bonnes… Peu de couleur, peu de concentration, ça « pinotte » à souhait avec des accents de fraises des champs et une pointe végétale plutôt agréable. En bouche ça coule, l’acidité est élevée, et ça se siffle comme un charme. Alors que la bourgogne pas cher c’est souvent un casse-tête à acheter, dans ce cas-ci, ça livrait. À servir dans un sceau à glace, ou dans un pichet. Vin de soif avec un profil à la limite du nature, mais sans de grandes variations de bouteilles.
Conclusion : Le 2011 correspondra fort probablement à ce profil, et c’est dispo à 25$. On attend le printemps et on tire-bouchonne dare-dare pour voir si ça sera à acheter en quantité.



No. 6
Muros Antigos, alvarinho, vinho verde 2012, Anselmo Mendes, 20,05$
En fait, le coup de cœur va au producteur encore plus qu’à la cuvée. Je suis assez peu amateur de vins du Portugal dans l’ensemble, et Anselmo Mendes, avec son approche qualitative, contribue à changer ma perception. Des vinhos verdes avec des airs de Rias Baixas, appellation située en Espagne, de l’autre côté de la frontière, dans ce cas-ci élaboré à partir d’alvarinho (qu’on nomme albarino en Espagne). C’est exotique, séduisant, assez versatile et plutôt sec. Taux d’alcool bas, léger perlant, fraîcheur. Exactement ce dont j’ai envie à l’apéro. Et jusqu’à maintenant ça semble partagé par ceux à qui je le sers, c’est plutôt bon signe…
Conclusion : C’est disponible en succursale présentement, et ça coûte 20$. Fonce tiger!


No. 5
Saison « réserve », bière sauvage, Brasserie Dunham, 15$/750 ml
Bon, une bière dans un top 10 des vins de l’année. En fait, cette bière se déguste comme un vin, à un point tel qu’une amie la dégustant sans trop s’y connaître la trouvait tannique et boisée, comme le serait un vin. Il s’agit d’un assemblage de bière de style saison, produite selon la tradition fermière belge, ensuite assemblée à une bière très houblonnée et aromatisée au thé et à la goyave, puis contaminée par des levures sauvages (les bretts!) et vieillie en fûts de chêne ayant déjà contenu du vin rouge. Dur à suivre? Certes, mais c’est pas mal bon… C’est surtout assez original, et d’une complexité qui rappelle le vin. C’est surtout l’occasion d’ouvrir ses horizons, d’essayer de réconcilier deux univers qui partagent une passion commune, la découverte, le plaisir des sens, et l’analyse critique de produits qui présentent une diversité infinie…
Suggestion : Goûtez des bières de micro-brasseries originales! C’est assez peu coûteux, et aussi captivant que le vin. Devenez ami avec la page facebook de la brasserie Dunham pour être à l’affût du prochain relâchement de la Saison Réserve, et en attendant, goûtez leur « Propolis », une saison au miel particulièrement réussie, vendue à environs 8$ pour 750ml.


No. 4
Chardonnay 2012 Les rosiers, Domaine les Pervenches, Farnham, 25$
C’est fait chez nous, et c’est solide. Pas solide comme dans « C’est vraiment sympathique, issu d’un domaine au paysage bucolique, et les gens sont sympas, donc ça me plaît. ». Même si c’est effectivement tout ça, c’est aussi solide comme dans « À chaque fois que j’ai dégusté ce vin à l’aveugle, ou que je l’ai servi à l’aveugle à des amis amateurs de vin, c’était solide ». Donc on laisse de côté les préjugés favorables ou défavorables envers ce qui est fait chez nous, et on profite. Un chardo subtil et minéral, plutôt léger, avec des airs de chablis. C’est vendu à prix correct, au domaine seulement, et ça vaut le détour. 11,5% d’alcool, on serait fous de s’en priver…
Conclusion : La cuvée les rosiers, vendue 25$, semble être « sold out », mais la cuvée plus haut-de-gamme nommée « Le couchant » semble encore dispo au domaine, à 32$. Appelez avant de vous y rendre, et mettez une visite au domaine à votre agenda de l’Automne 2014. Vous ne le regretterez pas, promis.

No. 3
Meursault 1er cru charmes, Latour-giraud 2009, 66,75$
Autant le chardonnay qui sent le maïs, la pomme cuite et le pop-corn m’ennuie profondément, autant c’est un cépage qui peut me faire vibrer lorsque maîtrisé. C’est le cas ici, et c’est vendu à un assez bon prix compte tenu du millésime et du pedigree de l’appellation. Un boisé finement grillé, des accents floraux qui rappellent le tilleul et l’amande, un vin nuancé et complexe. En bouche c’est tendu, fin, long. Étonnant pour un vin issu d’un millésime chaud. Solide. Avec des vols-au-vent aux fruits de mers, c’est le pied.
Conclusion : C’est encore disponible à quelques endroits, et la cuvée Charles-Maxime 2010 du même producteur, mais en meursault-tout-court-et-non-pas-en-premier-cru est aussi dispo pour 48$.

 

No. 2
Opus one, Napa valley 1993, ( ½ bouteille )
Un grand vin californien, à 20 ans d’âge, en bouteille de 375 ml. Goûté de 3 demies, trois moments de dégustation marquants. Alors qu’on lit souvent dans les livres que le vin vieillit mal en petits formats, ces expériences me prouvent le contraire, ou plutôt que ce n’est pas automatique. Un vin abouti, faisant 13,5% d’alcool, et qui paraît plus jeune que des Opus One 1997 et 1996 en bouteilles complètes goûtées dans les mêmes environs. Couleur rouge rubis profond, comme pour nous narguer. Sur le cassis, la cerise, le cèdre, le chocolat, avec une longueur, une qualité de tannins et une fraîcheur qui feraient damner les bordelais d’envie. Droit, élégant, une leçon de cabernet-sauvignon, mais sans l’excès qu’on associe parfois à la Californie. Dans la même veine, un kenwood « artist series » du même millésime, aussi goûté cette année et servi à l’aveugle à des amis amateurs s’est fait passer pour un bordeaux bien né du millésime 2005, avec son insolente jeunesse, ses 12,5% d’alcool également, et son boisé assez bien intégré.
Conclusion : 2 choses. Premièrement, du vin Californien, ça le fait après un long moment en cave. Suffit d’être patient pour qu’adolescence se passe, et que les vins perdent un peu de leur fougue de jeunesse parfois un peu maladroite. Même certaines cuvées abordables pourraient vous surprendre après un moment. Deuxièmement, lorsqu’on vous présente de grandes vérités du monde du vin, n’hésitez pas à douter, et à faire des expériences vous-même. En gros, soyez un peu irrévérencieux, ça pourrait vous conduire à de bons moments!

    
No. 1
Jean-Michel Stéphan, Côte-Rôtie Côteaux-de-bassenon 2009, 95,25$
Parce que ça fait 12% d’alcool dans un millésime chaud. Parce que c’est déjà ouvert, élégant, prêt à boire, avec un nez captivant sur l’encens, et le bois de santal, résultat d’un élevage en (probablement vieux?) fûts de 36 mois, . Avec un rien d’accents qui m’évoquent les bretts (viande crue, smoked meat), du poivre à revendre, des fleurs séchées. Du grand vin à mon goût, avec une personnalité enlevante, une complexité, une race, une profondeur, et à la fois une légèreté qui rend le tout tellement digeste. C’est aussi un vin dont le profil particulier, unique, est assez facile à décoder, et est une super introduction au monde des grands vins pour un ami qui découvre à tâton, contrairement à beaucoup de vins plus austères, qui demandent davantage de perspectives pour être « compris ». La quintessence de ce que j’aime dans le rhône nord, une des plus grandes régions de vin du monde, avec des prix encore assez décents. Quand le profil aromatique de la syrah rencontre la structure du pinot noir. Un vin sans mode d’emploi, bon en toute occasion, sans carafe, dégusté à 3 reprises avec un enthousiasme constant. Mon grand vin de l’année…
Conclusion : Ce produit de Jean-Michel Stéphan se fait rare, mais quelques autres cuvées sont encore disponibles.  Achetez des vins du rhône-nord, tout simplement. Pas besoin de payer 100$, mais si vous le faites, vous aurez la crème de la région. Rarement aurez-vous, à mon avis, l’occasion de boire des vins présentant une personnalité affirmée, unique, excitante à d’aussi bons prix. La syrah à son meilleur, tout simplement!