mercredi 26 janvier 2011

De la notion de biodynamie

Pour cultiver la vigne, y'a différentes options. L'option classifiée comme étant profondément "evil", ca consiste à utiliser un max de produits chimiques. Généralement, on traite les vignobles à date fixe, selon un calendrier pré-établi. On s'assure que rien n'y survive, à part la vigne avec un peu de chance. Il n'y a pas vraiment de nom pour ca, considérant que c'est le degré 0 de l'implication à la vigne. À noter que rien n'empêche un viticulteur d'être très consciencieux à ce stade, mais rien n'existe pour garantir qu'il l'est.



Si on procède dans la pyramide du parfait petit vigneron, il y a ce qu'on appelle la viticulture raisonnée. En gros, on utilise un peu ce qu'on veut, mais on prétend utiliser le bon sens pour vaporiser le moins possible. On attend de constater avant d'envoyer toute la gomme. Du moins, c'est ce qu'on prétend, puisque il n'y a pas d'organisme pour réglementer la chose.

Ensuite viennent les méthodes entourées par des certifications, soit l'agriculture biologique, et la biodynamie. 

Les vins produits de raisins issus de l'agriculture biologique (c'est le terme adéquat, puisque ce n'est pas le vin qui est bio, mais bien les raisins) sont produits sur des vignobles exempts de produits chimiques de synthèse. Quant à la biodynamie, c'est la que ca se corse...

La biodynamie, c'est un mix entre l'agriculture bio, et des facons de faire basées sur des convictions particulières. On se base beaucoup sur les écrits d'un certain Rudolf Steiner, un philosophe autrichien de la fin du 19e,  début du 20e siècle. Ses enseignements sont parfois basés sur un certain bon sens paysan, et donc sur une observation de phénomènes naturels intéressants, comme par exemple l'instinct des oiseaux migrateurs. Parfois, ca dérape un peu plus, et les énergies cosmiques se mettent de la partie.

Cultiver la vigne en biodynamie, c'est par exemple produire des solutions homéopathiques dans un dynamiseur (un baril en métal qui tourne, et qui créée donc le chaos. C'est pas de moi, c'est de certains biodynamistes). 

Au final, la seule question qui m'intéresse, c'est: est-ce que ca donne du bon vin?

Le problème, c'est que toutes ces méthodes produisent des vins intéressants. Et si les biodynamistes s'en tirent si bien, c'est fort probablement parce que les vignerons sont plutôt attentionnés, et près de leurs vignes, plutôt qu'à cause de l'homéopathie et des énergies cosmiques.

lundi 17 janvier 2011

De la notation sur 100 points

On note les vins sur 100 points, surtout ailleurs dans le monde. Pourquoi surtout ailleurs dans le monde? Parce qu'ici, on reste sur des notations sur 5, sur 20, ou du genre "Très bien". On y reviendra. De toute façon, la question, on se la vide.

"De youssé qu'esse-que  ca vient la notation sur 100 points?"

C'est une excellente question Gontran, regardons-ca de plus près.

En gros, en des temps barbares (mettons y'a 40-50 ans) l'être humain vivait sans le support salutaire de la notation sur 100 points. C'était le tiers monde, ou plutôt, le moyen-âge du vin. Pas le moindre indice sur la qualité de son "plush" merlot favori, sauf des 3-4-5 étoiles, bref, on nageait dans la confusion la plus totale. Pire, les gens ne savaient même pas, quand on leur mettait du vin dans le verre, si ca leur plaisait ou non, privés d'un avis précis sur la question, à savoir:  "Est-ce que ca le fait un max, ou non"

La personne qui aurait développé la notation sur 100 serait potentiellement un Australien, ou pas, en fait c'est nébuleux. Mais la personne qui a clairement popularisé la bête, c'est Robert Parker Jr., le critique le plus influent de tous les temps. Ancien avocat francophile et amateur de vin, Parker a commencé en publiant pour le plaisir un petit guide, à ses frais, et en l'envoyant à 600 personnes. Sa réputation, il l'a faite  sur le minémise....minésime....vous avez compris, 1982.

Je vous conterai l'histoire du minésime 1982 et de Parker une autre fois, on est pas là pour ca. Plutôt pour parler des notes sur 100 points. Or, c'est devenu la norme. Et pourquoi les notes sur 100 points sont populaires? Parce que le critique se commet totalement. C'est pas comme 4 étoiles sur 5. C'est 98/100. C'est la totale. C'est excitant, parce que c'est extrême, c'est big, et c'est too much. Des 17,5 sur 20, ca excite personne.

Et sincèrement, est-ce que c'est vraiment quantifiable une sensation? Un paquet de sensations? Alors, au moins, pourquoi ne pas faire les choses en grand, avec du crunchy. Donc, quelques réflexions sur le sujet, comme ca:

   1-Je me verrais très bien évaluer les films sur 100. Pourquoi pas? Et sincèrement, je pense que la notation sur 100 serait peut-être encore plus à propos pour le cinéma. Ca aurait le mérite d'être un peu plus excitant que la notation de 1 à 7 de radio-canada. Dans les films vus dans la dernière année, je donnerais volontier 98 à "Shutter Island", 94 à "Inception", 95 à "Scott Pilgrimm versus the world", et 92 à "Black Swan". Je donnerais 100 à "Oldboy", au "Fabuleux destin d'Amélie Poulain"...



Bien sûr, je donnerais 100 à presque rien, principalement des films obscurs et incompris qui intéressent pratiquement personne, genre Nosferatu des années 1920 (total boredom) et la fille du puisatier de Marcel Pagnol. Idéalement, les films artistiques et contemplatifs auraient également de très bonnes notes, puisque le plaisir au cinéma est l'ennemi de la qualité. Je donnerais 100 à citizen kane, parce qu'ils ont inventé le champ contre champ, même si je me fais $#%$? tout le temps que ca dure et que l'histoire est banale...

Y'a rien comme l'austérité poétique d'un plan fixe sur une tundra avec que dalle qui se passe, sauf le vent déchaîné sur les frêles cyprès et le râle d'un violon à l'agonie. Les personnages c'est vulgaire, l'histoire aussi.

This is rock'n'roll.

Oh hasard incroyable, on m'avertit à l'instant que mon colis est arrivé, il s'agit du "Film snob dictionnary" ( Film snob n: Reference term fort the sort of movie obsessive for whom the actual enjoyment of motion pictures is but a side dish to the accumulation of arcane knowledge about them. )
J'vous en reparle.

  2. Comme il y a une féroce concurrence entre les différentes sources de critiques, dans le monde du vin, il faudrait pouvoir choisir une source en fonction de la qualité de la critique. Donc, je propose d'instaurer une nouvelle mode, la méta-critique, qui consiste à donner une note sur 100 aux critiques de vins. On pourrait ainsi pondérer les notes qu'ils donnent en fonction de leur crédibilité. On aurait donc, par exemple:

Parker: 95
Burghound (Allen Meadows): 98
Jancis Robinson: 96
Wine spectator: 91

Suivi d'un commentaire de dégustation du genre:

Robert Parker (bordelais):
Descriptions du nez volubiles, teintées par une appréciation de l'intensité et du caractère très mûr. Affection pour les bouches sphériques et gourmandes, aux tannins enrobés. Il s'affirme par un style assez descriptif du travail au château, et une grande connaissance de la région bordelaise. Lire entre 1978 et 2011. 96+

3. Finalement, l'idée est de mon pote Olivier, mais faudrait arrêter de regarder en arrière, et réellement innover. Les 98, ou 99 sur 100, c'est clairement dépassé, et ca manque de précision. Maintenant, histoire de vraiment crééer un engouement, on part une tendance, on note les vins sur 1000. Bien sûr, à l'image de la notation sur 100, on note rien en bas de 987/1000, et idéalement, on met beaucoup de 996/1000 en montant. Parce que quand même, faut bien reconnaître la qualité.





MILLE BORNES THE FRENCH CARD GAME 1971 PARKER BROS



Au final, faut avouer que quelque soit la note, c'est difficile de quantifier avec précision un vin, et de faire consensus. Alors, les notes peuvent donner de bonnes pistes, ou pas, mais la clé reste d'essayer, et de forger sa propre opinion peu importe la note. Les journalistes au Québec choisissent de ne pas jouer le jeu, en se commettant un peu moins. Et au final, ont-ils tort? Je vous laisse juger...

Vous trouvez surement que dans mes notations de films, je l'ai totalement échappé. Vous me feriez surement confiance pour des suggestions de vins, mais à la lumière de mes goûts cinéma, me laisseriez-vous vous faire une recommandation pour le cinoche-popcorn du samedi?

C'est le même combat. Ca dépend de mes goûts, et des vôtres...

vendredi 14 janvier 2011

De l'accord met et vin avec le blanchon

C'était dans les médias cette semaine. Pas les blanchons, mais plutôt le fait que Martin Picard était supposé concocter le souper d'inauguration du bal des neiges à Ottawa. Or, les canadiens anglais (qui détestent le plaisir, c'est bien connu) ont défendu à ce dernier d'utiliser le foie gras. Il s'est donc retiré.

Je dis les canadiens anglais, mais je blague, je les aime bien. La vérité, c'est que c'est une poignée d'activistes qui font du lobbying pour interdire le foie gras  et ils ont eu gain de cause. Parce que, m'voyez, c'est mal le foie gras.

Parce que c'est une pratique inhumaine de "stuffer" des canards.



Vous remarquerez que c'est aussi une pratique inhumaine de génocider un petit million de gens à la machette en afrique, mais ca arrive, et comme c'est loin d'içi, on s'en formalise pas trop. Faudrait quand même pas bouder son plaisir.

Le canard, et l'oie, sont des birdies ayant la capacité de migrer vers des contrées lointaines (parce qu'ils ont pas de bras pour pelleter leur entrée lorsque l'hiver frappe à leur porte, contrairement au citoyen de Laval, qui lui, 95 fois sur 100, a des bras.) et ils se sont donc adaptés au fil de l'évolution. Darwin est d'ailleurs très fier d'eux, qu'il fait dire. Leur foie a la capacité de transformer un intrant (du manger mou, poussé à l'aide d'un bâton) en stock d'énergie. Ca se passe dans le foie. Il devient tout gros, tout gras, et tout délicieux. Et on gave les bêtes pour que ca arrive. C'est horrible. Mais sur le fond, c'est quelque chose que le canard fait lui-même, se faire un beau gros foie hypertrophié et succulent.

Sincèrement, on bouffe pas mal tout le règne animal, parce que ca goûte bon, et que c'est plein de protéines. On s'en fait pas trop pour les poulets, c'est idiot, c'est moche, et en plus ca s'attaque au plus faible du lot dans la société des poulets. Le poulet est un lâche. On se fout donc des conditions atroces d'élevage des poulets. Le gavage, ca prend 15 secondes par canard, 2 fois par jour, et les élevages sont généralement à plus petite échelle que pour le poulet. Personne le fait dans le but de blesser des canards.  Je suis prêt à parier que les canards ont une vie plus chouette que les poulets d'élevages, entre autre parce qu'ils sont élevés par des entreprises à taille humaine, plutôt que par des groupes industrieux. Je prends mon foie gras au canard goulu, près de Québec, et je pense pas qu'ils ranchent des centaines de milliers de canards dans des entrepôts en tôle ondulée.

C'Est comme pour les blanchons. Y'a une surpopulation de blanchons. Et ca se bouffe. Vous voyez l'équation se dessiner?



Or, malheur, le problème, c'est que le blanchon est cute. C'est tout blanc, avec de grands yeux humides, et ca traine sur la banquise. Ca demande qu'à être aimé. C'est trognon. Et l'humain, grand lâche, cueuille le blanchon comme on cueuille le champignon, parce que ca a à peu près l'agilité d'une limace poilue. Mais le blanchon, ca saigne partout sur la neige blanche, et c'est disgracieux. Alors que les thons, y'a pas de problème, c'est moche un thon, on peut donc le surpêcher jusqu'à éteindre l'espèce peinards, y'a pas  d'enjeux de cutiness...

Mais manger des blanchons, si c'est comestible, et qu'il y en a trop, pourquoi pas? En plus, ils vivent à l'état sauvage, ils ont une existence à peu près normale, on les cogne un grand coup avec un bâton, et ils meurent. C'est certain que ca inclue de le tuer, c'est pas jojo, mais statistiquement, la très grande majorité des animaux qu'on bouffe décèdent dans le processus. (Si quelqu'un a des statistiques, ou un graphique pour soutenir ce point, ca serait apprécié)




Les animaux ont divers mécanismes de défense. Le papillon viceroy, son moyen de défense, c'est de ressembler au monarque, qui lui n'est pas comestible. On le bouffe donc pas. Le crocodile, il mange ceux qui essaient de la bouffer. On le bouffe donc pas. Le blanchon, particulièrement rusé, a réussit à décourager le plus grand prédateur de tous les temps (c'est nous ca) en faisant des grands yeux humides. On le bouffe donc pas. Pas con,hein? Faut croire que c'est le meilleur mécanisme... attirer la compassion en étant mignon.

Je regardais une rétrospective d'Infoman tantôt, et un des journalistes demandait à Mme bardot: " La fourrure synthétique, ca prend 10 000 ans à se dégrader, qu'en pensez-vous?" et elle de répondre "Je m'en fous de la fourrure synthétique, je veux juste pas qu'on en utilise de la vraie".

Words of wisdom

Mais, à travers toute ces considérations, le vrai drame à mon avis, c'est que le gastronome aventureux, à cause du manque de moralité entourant la consommation du très trognon blanchon, se retrouve dépourvu de toute aide lorsque vient le moment d'effectuer un accord mets et vins avec ses spécialités de blanchons favorites. Aucun sommelier sérieux ne mettrait en péril sa réputation pour la cause. Voilà, donc, je me lance, avec en prime une recette simple:

Avec le Blanchon-vinaigrette

Pour faire le blanchon-vinaigrette, c'est comme pour les asperges-vinaigrettes, mais remplacez plutôt les asperges par un ou deux blanchons (en fonction de l'apétit) de taille moyenne, bien fermes, tranchés en rondelles sur le sens de la longueur.

Accord: La vinaigrette dénature le vin, optez pour un pinot blanc modestes, simple et rafraîchissant.

Autres pistes harmoniques:

Avec le blanchon cacciatore

   La sauce tomatée du blanchon cacciatore appelle un rouge possédant une bonne acidité, optez pour un sangiovese de bonne naissance, en plus vous aurez un accord régional.

Avec le sandwich crousti-blanchon

     Avec ce sandwich à la boulette de blanchon panée style fast-food, le réel enjeux, c'est la mayonnaise. Prévoyez un blanc enrobé à base de chardonnay, mais frais et équilibré, comme un puligny-montrachet les combettes 2006 ou 2007.

Le shish-blanchon (Alternativement nommé le Blanchon-taouk)

     Vous voyez, ici le piège c'est la sauce à l'ail! Optez pour un rouge léger et rafraîchissant, pourquoi pas un cru du beaujolais sur le très séduisant millésime 2009?

Le blanchon bourguignon

     Avec ce classique, sortez les vins sérieux. L'aspect longuement mijoté et savoureux appellera les bordeaux ayant quelques années de cave, ou encore, le très typique bourgogne rouge de bon niveau, tel un pommard 2002.

Le blanchon farci au foie gras

    Optez pour un liquoreux équitable, parce que quand même, vous avez des principes.

mardi 11 janvier 2011

Du vin dans les jeux vidéos, d'un cabinet à Yquem plutôt sympa, et de la cruelle cicadelle

En fait, dans un jeu vidéo, plutôt connu. Metal Gear Solid, un nouveau je crois. Trouvé sur un blogue qui se nomme www.bourgogone-live.com et j'ai été complètement séduit par la vidéo.

C'est croustillant.



Trouvé sur le même site, un cabinet d'Yquem fabriqué à 5 exemplaires, avec 18 bouteilles d'Yquem, provenant du château, des 18 meilleurs millésimes depuis les 120 dernières années, à 1 million de dollars. What a contraption! C'est ici:  http://www.bourgogne-live.com/2010/06/une-cave-a-vin-qui-coute-la-bagatelle-dun-million-de-dollars/


J'en veux un pour le chalet, et un pour la maison. Au bureau, ca fait vulgaire, trop showoff...

Et finalement, encore sur le même site (Je m'incline, c'est de la bombe leur truc, je sais pas où ils trouvent toutes ces perles) un jeu de société, Vign'en jeu, dans lequel vous cultivez la vigne. Écoutez la vidéo, c'est trop croustillant.


Honnêtement, il est pas hédoniste notre vigneron? Imaginez les parties endiablées, la tension palpable alors que les enfants qui attendent avec impatience leur récolte de cabernet-sauvignon se prennent une carte "Une attaque de cicadelles vertes provoque un déficit de photosynthèse, et c'est la perte d'une maturité. Voilà."

Are you kidding me? Je comprends qu'on essaie d'adjoindre un aspect éducatif au côté folichon du jeu de société. Mais c'est pas un peu too much l'attaque de cicadelle? Entre une bonne vieille marelle, et une partie où on se prend des attaques de cicadelles et des attaques d'oïdium, y'aurait peut-être un juste milieu?

Déjà, parler de rendements à l'hectares, et de cépages, ca serait un début honorable, non? Au risque d'avoir l'air d'un rustre, les attaques de cicadelles, le mioche de 8 ans (Appelons le Toto pour les besoins de la cause), il s'en tamponne la coquillette de l'attaque des cicadelles (vertes). C'est bien mentionné que c'est pour toute la famille, et les enfants peuvent s'éclater dès 8 ans. Yeah right.

Après, on s'étonne que les cahiers de charge des appellations soient austères. Les textes de loi reliés aux appellations d'origine contrôlées. Oui oui, vous vous rappelez, j'en avais glissé un mot y'a quelques billets. J'vous en met juste un mini-tantinet-bout-de-rien-du-tout de décret, pour que vous puissiez tomber sous le charme de cette douce austérité qui incite à la méditation.

C'est pour l'appellation Gaillac. C'est une des partie les plus légère d'un décret, c'est les cépages (sortes de raisins) qu'on peut utiliser pour faire du pinard. Ca va comme suit, hum hum, on prend un grand respire:



1° Encépagement : 
a) Les vins blancs sont issus des cépages suivants : 
― cépages principaux : len de l'el B, mauzac B, mauzac rose Rs, muscadelle B ; 
― cépages accessoires : ondenc B, sauvignon B. 
b) Les vins rouges et rosés sont issus des cépages suivants : 
― cépages principaux : duras N, fer N, syrah N ; 
― cépages accessoires : cabernet-sauvignon N, cabernet franc N, gamay N, merlot N, prunelard N. 
c) Les vins rouges susceptibles de bénéficier de la mention primeur sont issus du seul cépage gamay N. 
d) Les vins mousseux susceptibles de bénéficier de la mention méthode ancestrale sont issus des cépages suivants : mauzac B, mauzac rose Rs.
2° Règles de proportion à l'exploitation : 
La conformité de l'encépagement est appréciée sur la totalité des parcelles de l'exploitation produisant le vin de l'appellation d'origine contrôlée pour la couleur et le type de produit considéré. 
a) Vins blancs. 
La proportion de l'ensemble des cépages principaux ne peut être inférieure à 50 % de l'encépagement. 
b) Vins rouges et rosés. 
La proportion de l'ensemble des cépages principaux ne peut être inférieure à 60 % de l'encépagement. 
Les cépages duras N et fer N sont obligatoirement présents dans l'encépagement. La proportion de ces deux cépages, pris ensembles ou séparément, ne peut être inférieure à 40 % de l'encépagement et la proportion de chacun ne peut être inférieure à 10 % de l'encépagement. 
La proportion du cépage prunelard N ne peut être supérieure à 10 % de l'encépagement.



La beauté de la chose? C'est que les proportions, c'est en terme de plantation. En termes de parcelles. Ca veut dire que dans la bouteille, ca peut être 100% du prunelard. Fortiche, hein?


Alors voilà, reste qu'à souhaiter que votre duras et votre fer servadou (içi appelé fer pour alléger le texte) soient pas attaqués par les méchantes cicadelles, parce que sinon, c'est râpé pour le gaillac rouge typique...


Toto, si tu fais pas dodo, la cicadelle elle va venir te choper la photosynthèse, et t'auras pas de rendements...

C'est décidé, j'achète le jeu. Qui est partant pour une partie?



De la notion de gracious living

Qu'est-ce que le gracious living?

C'est une bonne question, recueillons-nous en silence.

Le gracious living n'appartient pas au règne minéral, végétal, ou animal. Ca progresse, on fait comme pour la dégustation à l'aveugle, on procède par élimination.

En fait, le gracious living, c'est également une marque de poubelle. (Olivier alias Captain, on veut des photos).

Mais c'est surtout un état d'esprit. C'est la capacité de profiter de son vieux porto vintage dans le riedel approprié, près du feu, avec pantoufles s'il-vous-plaît, pendant que l'autre moitié de la planète, clairement dépourvue de notions de gracious living, fait preuve de créativité et d'initiative afin d'exterminer le voisin d'une autre profession de foi.

C'est pas la définition du Larousse, mais c'est surement assez proche.

Ca serait assez proche de la définition "D'avoir le chic" déjà présentée il y a quelques billets.

C'Est très bien représenté entre autres par un petit dépliant de "propangande" pro-capsule à vis d'un producteur américain nommé Randall Grahm. C'était sur les premières bouteilles fermées d'une capsule à  vis de son portfolio, il y a environs 10 ans. Et comme j'utilise souvent ce terme, je lui ai demandé de le retrouver. Il m'en a fait parvenir, avec beaucoup de gentillesse, une version numérique.







Avec l'aimable permission de Bonny Doon vineyards

En gros, Randall Grahm, l'homme derrière les vins de Bonny Doon vineyard, est un des vignerons les plus intéressants de Californie. Ses vins, sans être systématiquement grands, sont généralement originaux. C'est quelqu'un qui questionne sans cesse les idées reçues, et admises comme des vérités absolues dans le monde du vin, et qui vit selon le motto (que j'adore): "What could possibly go wrong".

C'est à la fois quelqu'un qui a un profond respect pour la terre, et qui est en quête de la notion de terroir, tout en ayant un esprit critique, et scientifique poussé. Au final, c'est d'abord et avant tout un génie de la communication et du marketing, qui sait parler de son vin. Derrière chaque vin, l'histoire des gens qui le font, et de la terre de laquelle il est issu. Randall, avec sa formation en littérature, histoire de l'art et botanique, donne le goût d'embarquer dans son tourbillon...même s'il est parfois dur à suivre.

Vous connaissez beaucoup de vignerons qui incrustent des pierres dans les parois d'une cuve afin d'essayer de conférer de la minéralité à un vin? J'en connais qu'un seul...

Un homme érudit, audacieux, et irrévérent, produisant des vins délicieusement étranges. Que demander de mieux?

Will you ever know gracious living?

Pour le découvrir, un peu de lecture sur son blog au www.beendoonsolong.com histoire de découvrir sa plume, ses références, et ses idées.

dimanche 9 janvier 2011

De la notion de grandeur

Vous avez surement déjà entendu quelqu'un dire "Quel grand vin..."


Or, la notion de grand ou pas grand divise les amateurs, c'est un débat incessant, à savoir: Avons-nous le droit, simples mortels, d'oser se prononcer sur un vin et de le déclarer grand en fonction de nos perceptions?


Prenons un grand vin au hasard. Pour faciliter l'exercice, et pour éviter les ambiguités, choisissons un vin qui précise lui-même qu'il est grand. Aucune chance de se tromper.





Belle fiole, surtout sur le très excitant (...) millésime 2007.


Premier constat, le terme "Grand" est galvaudé. Ça part plutôt mal. 


Mais ce qui rend les amateurs de vins furieux, c'est qu'un peu tout le monde, ayant des repères différents, utilise le terme de façons diverses, parfois en désignant des vins plutôt modestes. Donc, voici quelques suggestions:


- Si quelqu'un utilise le terme grand vin pour faire référence au vin australien mollasson avec un animal rigolo sur l'étiquette qu'il a amené....je suis assez à l'aise avec ça. S'il trouve ça bon, et que ca le rend heureux d'en boire, je pense qu'il fait le meilleur choix possible. Et si à l'intérieur de ses expériences de dégustation, ce vin "dépasse" du lot... pourquoi pas? S'agit de rester zen.


-Si un amateur chevronné, alors que vous parlez d'un "grand" vin que vous avez goûté, vous balance que c'est pas un grand vin, soyez également zen. Que le vin que vous avez goûté ait le droit à l'étampe "grand" ou non, ca change pas grand chose au fait que c'était ben l'fun. Ca devrait pas vous ruiner le plaisir rétroactivement.


La vérité, c'est que non seulement la notion de grandeur c'est très relatif à nos expériences de dégustation, c'est aussi fonction de ce qu'on recherche dans un verre de vin. Nous avons demandé à 100 personnes de la plèbe ce qu'ils recherchent dans un ballon de gros rouge, Marcel, et voici ce qu'ils ont réponds:


Que ca goute bon dans la bouche                               71
Que ca sente bon en plus dans la nez                          12
Que ce soit sec mais doux                                          7
Que ce soit complexe, long, racé et équilibré                 6
Que ce soit typique d'un terroir d'exception                   3                
Que ca reflète une certaine philosophie de vinification     1


Donc, ce que je propose, c'est qu'on fasse pour la production de vin, un certain contrôle, afin d'homologuer un grand vin, afin d'éviter au simple badeau de se fourvoyer en croyant apercevoir un grand vin qui est, au final, petit. C'est fâcheux. 


Dans le fond, s'agit de déterminer une grandeur minimale, un étalon...





Comme la France remporte la palme côté administration austère, je pense que le mieux serait de prendre en exemple l'appellation d'origine contrôlée, pour créer la mention "Certifié grand". Pour se faire, le mieux ca serait de créer l'équivalent des "Décrets d'appellations" ou, comme on les appelle maintenant, les "cahiers de charge". Ce qu'on aime beaucoup avec ces textes, c'est qu'ils visent à défendre l'intégrité des produits francais. Par contre, en tant qu'amateur, si vous cherchez à savoir, par exemple, quelles sont les techniques viticoles permises pour faire du savigny-les-beaunes, bonne chance. Vous allez trouver, mais c'est fastidieux.  C'est vraiment désagréable à consulter...

Vous voulez ma définition, de ce que je trouve grand? Ou de ce que je considère être un grand vin? C'est pas très important, vous avez autant raison que moi d'aimer ou de détester un vin, et votre plaisir est aussi légitime quand vous trouvez que c'est bon et émouvant dans le verre...

Et comme on parle de grandeur, et de petitesse, je vous laisse avec ma citation vin préférée de Pierre Desproges, provenant de la section Proverbes et locutions latines de son "dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des bien nantis".

"In vino veritas (Un petit rouge bien tassé): Se dit affectueusement d'un nain communiste très vieilli." -Pierre Desproges

Et pour vous, c'est quoi un grand vin? Simplement? En quelques mots? Des vins que vous avez trouvés grands? Y'a pas de mauvaises réponses içi...

mercredi 5 janvier 2011

De la réelle valeur du vin, versus nos attentes

C'est un débat séculaire. Combien ca vaut une bouteille de vin? Dur à dire. Mais vidons la question, ca va être faite.

Premièrement, faut mentionner que dans le monde du vin, plus que dans n'importe quel autre, la notion de "rapport qualité/prix" règne en maître. C'est normal. C'est toujours le même produit, mais avec des différences de prix notoires. Mais ça reste la même chose.

Prenons l'exemple illustré par la figure A






figure A

Fig. A: Après un dur labeur, les ouvriers içi présents produisent un horrible vin de table d'origines diverses qui sera embouteillé en amphores de 750 millilitres. Ils en boiront pour célébrer le fruit de leur dur labeur. Résultat: Ils boiront 750 ml de vin rouge.



Maintenant, observons la figure B.








figure B

Fig. B:  on peut voir les ouvriers à l'oeuvre produisant le célèbre vin nommé Hermitage, qui fait la renommée de la vallée du rhône, conditionné en amphore de 750 ml. Pour festoyer, ce soir, ils en boiront une dans une atmosphère complice. Résultat: Ils boiront 750 ml de vin rouge.

Donc, c'est toujours le même produit. Y'a plus de doute, c'est la logique même.


Or, toutes choses étant égales par ailleurs tel que démontré, pourquoi ces deux vins sont-ils à des prix complètement différents?


Faut avouer que les deux, c'était un sacré boulot à produire. Par contre, c'est un peu plus complexe de produire de l'Hermitage. Les rendements sont bas, faut avoir des raisins mûrs, sur des terrains qui coûtent une fortune, et éventuellement, faudra peut-être même faire de la pub (de grâce!). La réalité, c'est que du grand vin, ca coûte effectivement plus cher à produire que de la sauce. On estime que certains des plus grands vins du monde coûtent près de 50$ à produire! Ca explique donc logiquement pourquoi ils coûtent alors quelques milliers de dollars pièce...


Ca nous avance pas...


Pendant ce temps, le débat sur la notion de rapport qualité-prix fait rage. Mais le vin, ca vaut ce que les gens sont prêts à payer pour. 


Combien ca vaut, une main dans les cheveux, un baiser dans le cou, juste sous l'oreille, un sourire complice, une chanson poignante qui nous met la larme à l'oeil, des jambes aux yeux de celui qui les a perdues, un birdie sur le premier trou, un fou rire avec des amis chers?


Combien ca vaut "les tournesols" de Van Gogh? Un des tableaux de cette série a été vendu un peu plus de 50 millions. Est-ce que ca les vaut? Pour posséder un tableau? Et les 15$ pour entrer au musée, pour avoir le droit de mater le tableau, est-ce que ca les vaut? Est-ce que "le Cri" de Munch représente un meilleur rapport qualité-prix?
Fichier:Vincent Willem van Gogh 128.jpg


 Les vins haut-de-gamme, c'est des oeuvres d'art. C'est flirter avec l'infini pendant un instant (ok, j'en met un peu pour les besoins de la cause), et faut croire que ca excite pas mal de gens, puisque la demande est forte. Tout le monde sur la planète veut goûter ce qui se fait de meilleur dans le genre.


Au final, c'est faux de penser que n'importe quel vin vaut son prix, ou que les vins qui valent des milliers de dollars valent le coup. Mais finissons sur quelques considérations sur le prix des vins.


En cherchant le rapport qualité-prix à tout prix, et en essayant de voir si vous en avez réellement pour votre argent dans chaque verre de vin, vous risquez de passer un peu à côté de l'essence, du plaisir de la chose. Alors que si un pote vous avais offert un verre sans trop de questionnements...


Si vous ouvrez une bouteille de vin, et que ca fait mal en dedans, parce que vous avez payé cher, et que vous exigez que le vin soit bon sinon c'est la catastrophe, c'est que vous avez payé trop cher.  Et même si le vin est bon, ca vous ruine le gracious living. Méchant, méchant vin cher.


Par contre, si vous avez une petite réserve à la maison, et que vous achetez du vin pour la nourrir, faut voir les choses d'un autre oeil. Pour beaucoup de gens, mettre le tire-bouchon dans une bouteille payée assez cher qui dort au cellier, ca coute de l'argent. C'est pas le cas. Ca coute rien. Faut pas que ca fasse mal en dedans. C'est pas un objet de culte, c'est fait pour boire. La dépense, elle était déjà faite. C'est le retour sur investissement quand on le boit, ca coute que dalle, et ca se partage merveilleusement bien... ; )

De l'art d'adapter le message en fonction de l'auditoire

C'est dans l'air. On parle de la façon dont les entreprises doivent s'y prendre pour rejoindre leur clientèle. Et leur clientèle, elle change. La génération à la mode, c'est les "millenials". Je suis bien d'accord, étant un "millenial". Ca me sied très bien d'être à la mode, merci.

Les "millenials", grosso modo, c'est les ceuses qui ont eu à peu près 18 ans aux alentours de l'an 2000. On peut donc supposer qu'ils se poppèrent la mousse pour la première fois à l'orée du siècle tout neuf, ou à peu près.

En gros, les baby boomers ont remplis tranquillement leur cave avec des vins qui se perdent paisiblement. Chut. Elles dorment, faut pas les boire. Et voilà que les "millenials", ces polissons, ont pas la fidélité de papa pour acheter du château Croizet-bages sur tous les millésimes. Et ils trouvent que l'image du vin, costard cravate, avec le sommelier qui donne du "Môôôssieeeeuuur", elle est franchement poussiéreuse.

2 choses.

Premièrement, life is too short to drink Croizet-Bages. C'est pas de moi, c'est Parker qui l'a dit. Alors, papa, s'il-te-plaît...

Deuxièmement, le "millenial", animal étrange, aime la découverte, l'honnêteté, et l'histoire derrière la gugusse qu'il achète, que ce soit un chalet à la campagne ou le petit boire quotidien pour aller avec le pâté au poulet. Et c'est ce qui le rend prompt à lire des blogs, des articles, à aller rencontrer les producteurs, etc... Mais le plaisir est beaucoup dans la diversité. Il est moins fidèle à une marque comme l'était papa.

Pour le "millenial", le vin, c'est "trendy cool". C'est l'occasion de se faire le 5 à 7 le verre à la main, balaise. Ça en jette. C'est un objet de luxe, relié à une certaine culture du vin, mais c'est simple, pas compliqué, et c'est marqué "cabernet-sauvignon" dessus. Aux USA, le millenial, c'est présentement le client le plus intéressant, potentiellement, et c'est lui qui est responsable de l'augmentation des ventes de vin.

Ses moyens financiers vont en augmentant, alors que le boomer se plaint que le vin, quand même, c'est plus ce que c'était, et que c'est rendu trop cher.

Et effectivement, les moyens de communications changent, de plus en plus, les wineries ont des sites internets adaptés, mais sont aussi sur Facebook, twitter. Bernard Magrez est sur facebook. L'heure est grave.

Le "millenial" voit le vin comme un objet de détente, et moins comme une idole sacrée. C'est fait pour s'amuser.

Santé, "millenials", un jour, nous dominerons le monde du vin!

mardi 4 janvier 2011

Du vin dans la série Twin Peaks de David Lynch

Je viens tout juste de terminer Twin Peaks, une série créée en 1990 par David Lynch, à qui on doit entre autres Dune en 1984, mais également "Lost Highway" et "Mullholland drive". Disons que Lynch a un avis assez particulier sur la façon de faire du cinéma, et offre souvent au spectateur des scènes assez étranges, chargées de sens...ou pas du tout.

Il considère que le cinéma doit se suffire à lui-même, et que la recherche de sens tend à en abîmer la "pureté" si on veut.

Y'aurait un parallèle intéressant à tracer avec le vin, et le caractère technique de l'analyse qu'on peut en faire en dégustation.

J'ai beaucoup de difficulté encore à dire si j'ai beaucoup aimé, ou si j'ai trouvé ça un peu quelconque. Dans l'ensemble, Twin Peaks, c'était parfois légèrement ennuyant, ça faisait un peu "Les feux de l'amour" on acid...

Mais toujours est-il qu'à la fin de la série, il y a une dégustation de vin organisée pour une oeuvre de charité. C'est bien sûr le "men's clothes designer" maniéré, et insupportable qui prend la parole. C'est en deux parties, et c'est savoureux:


Et ensuite...


Ce qui m'amène au questionnement: Est-ce que Lynch est amateur de vin, et tourne en ridicule le snobisme typique autour du vin, ou est-ce que Lynch déteste le vin tout court?

Google étant l'ami des incultes, je googlai vigoureusement "David Lynch wine" pour me rendre compte que David Lynch, c'est également le nom d'un critique de vin célèbre. Ca complique les recherches...

Par contre, le-dit Lynch (Le deuxième, celui qui critique pour le bien du plus grand nombre) a écrit un livre intitulé "The wine snob's dictionnary". Ca croustille.

C'est en route, via Amazon. J'vous en donne des nouvelles quand ça arrive.