vendredi 18 février 2011

De l'art de faire de la pub avec audace

Un post très court, mais ô combien succulent en ce vendredi! J'ai trouvé ca sur le blog de dr.vino (www.drvino.com) et le parallèle, j'ai pas eu à le faire, il y était déjà.

Vous connaissez les pub de Oldspice? Une solide campagne publicitaire, audacieuse, pour une marque sinon entourée d'une aura assez traditionnelle, voire un peu ennuyante.


Du solide.... Alors pourquoi on est pas capable de faire l'équivalent dans le vin, en montrant que c'est sympa, pas compliqué, et avec une touche d'humour.

C'est fait!


Et c'est fait par qui? Par une région émergente du sud de la Californie, qui peut se permettre fraîcheur, audace, humour pour vendre ses vins sans craindre l'opprobre de l'establishment du vin. Chapeau.

En plus, on présente le zinfandel, un cépage qui donne des vins riches, un peu bonbons parfois, mais associés à une certaine simplicité.

Ca nettoie avantageusement la côte levée, au risque d'être un peu mou, mais c'est accessible et séduisant.

Chapeau bas, j'aime Paso Robles. Qui embarque pour l'achat d'un vignoble dans ce coin?

mardi 8 février 2011

De l'art de faire l'accord avec le beignet à la mouche

Ca date de 2008. Et oui, je vous refile de la vieille info d'une fraîcheur discutable. L'équipe éditoriale au complet s'en excuse, on va essayer de plus l'échapper.

Mais c'est un véritable bijou, ca fait même pâlir TQS (V) d'envie, ce manque criant de contenu:


Rire du Pauv' monde c'est pas beau. Mais quand même. C'est drôle, on serait idiot de s'en priver.

Voici une vidéo qui résume bien ce que je pense de ce genre de journalisme: (C'est en inglishe)



Mais reste à faire l'accord met et vin avec le timbit à la mouche. Décortiquons le met. Dans l'ensemble, la partie la plus nutritive est sans conteste, comme certains internautes le faisaient remarquer, la mouche. C'est le plus salubre, le moins cancérigène, le plus nature, et le plus bio. (À moins que ce soit une mouche d'élevage élevée aux anitbiotiques) C'est la protéine qui domine l'amas de sucres rapides. Encore là, ca dépend aussi de la cuisson de la mouche. La mouche style tartare, ajoutée au dernier moment sur le beignet, optez pour un vin léger. Si la mouche est ajoutée avant cuisson, ca dépend si elle est bien cuite, ou saignante. La mouche saignante pourra permettre un accord avec un rouge plus tannique.

Et qui eut cru qu'une cruelle absence de contenu ne soit pas exclusive au monde de l'information, mais soit également l'apanage du monde du vin, à l'occasion? Combien de commentaires de dégustation sont soit:

-Plutôt futiles, et l'occasion de se la jouer en faisant de la publicité sur les grosses fioles dégustées? Les exemples abondent, de dégustateurs qui veulent étaler le pedigree des vins qu'ils goûtent, et qui voient dans la rédaction d'un compte-rendu, d'un commentaire, plutôt banal qui renseigne personne l'occasion d'enfin briller en épatant la galerie avec des gros noms . Ainsi, vous pouvez sans  risque d'erreur parler d'un rouge bordelais "Costaud, racé, avec des accents de cuirs, de fruits rouges et noirs, et d'épices. Les tannins sont fins, et l'impression d'ensemble évoque une main de fer dans un gant de velours". Personne pourra vous contredire, c'est évasif, et ca vous donne l'occasion de mentionner ce Haut-Brion 1998  goûté au vernissage de cet artiste très Out, donc très In, vraiment néo-trad réinventé où vous êtes allé avec votre petit Jérémy. Il est teeeeeellement mature pour ses 8 ans. Les collègues de travail adorent ces anecdotes.

 Ou encore ce Montrachet quand même pas mal qui goûtait le beurre (prononcer beuw) et les fleurs (prononcer fleuw) bu sur le poulet pop corn en fin de semaine dernière, avec les Crocs dans les pieds, pendant que Raymond faisait des flats dans la piscine pour faire rigoler les p'tits cousins. Au final, ca renseigne personne, mais ca en jette.

-L'occasion d'envolées lyriques qui frôlent le manque de pudeur. Lorsque votre vin est doté d'un "port altier, d'une démarche féline, et d'une ossature pointue et découpée" faut se demander si l'enjeu c'est de mettre le vin de l'avant, ou plutôt de mettre le dégustateur de l'avant. La langue française est riche, belle, et permet un agréable luxe de poésie pour décrire les vins, mais le but principal reste la communication. Si je parle d'un vin ardent, fougueux, et svelte mais à la fois timide et ingénu, pas certain que le public cible soit servi.

En gros, faut se demander pour qui, et pour quelles raisons on rédige des commentaires.

Comme pour beaucoup de choses, l'idéal ca reste une bonne dose de jugement. Le jugement, c'est, par exemple, de pas aller fournir de couverture médiatique à la mouche sur le timbit de l'adolescent en région. C'est disgracieux. C'est non. Pas timbit mouche ado. Non. Méchant poodle TVA.

Le jugement, c'est de couvrir la présence de faune locale sur le timbit à partir du cheval, en montant. Ca c'est de la nouvelle...

mardi 1 février 2011

De la notion de classement

Premièrement, avant de commencer, il faut que je vous précise: les vins pas classés me donnent des maux de tête. Donc s'il-vous-plaît, abstenez-vous de me refiler un simili-cru.

Les classements, c'est trop la classe. On classe tout. Y'a des palmarès pour la musique. Pour les autos. Pour les livres. Pour la plus grosse citrouille. Pour le meilleur joueur de mini-putt du circuit en 1991-1992 (???)


Mais surtout pour les vins. On tente comme on peut de créer une pyramide avec les méchants en bas, et les full-débile-écoeurants en haut. C'est normal, et j'approuve, mais en précisant quand même que personnellement, j'aime mieux me rentrer que les vins qui sont en haut de la pyramide.

Ceci étant dit, examinons les modèles de classement à Bordeaux:


Tout le monde classe différemment. C'est le bordel. La sous-région du Médoc a classé les vins en 1855 et ca peut plus changer. Or, le pourcentage des gens qui y étaient en 1855 et qui y est encore pour faire le vin frôle le pas pentoute. Les terrains ont changés. C'est donc plus ou moins sérieux. Comme les pas classés z'étaient pas contents, ils se sont partis les crus bourgeois, pour se classer aussi. Comme les pas crus bourgeois z'étaient pas contents, ils se sont partis les crus artisans. Comme les pas crus artisans z'étaient pas contents, ils se sont déterrés la mention crus paysans. L'arbre est dans ses feuilles, Marilon-Marilé.





Et ca c'est juste le Médoc. Les gens de St-Émilion, ils ont bien rigolé en regardant les médocains avec leur classement immuables. Ils se sont dits: On refera pas la même gaffe, on se fait un classement qui peut évoluer en fonction de la qualité du vin qui se trouve dans le verre.

Bonne idée en principe, mais personne veut perdre son classement, alors c'est le drama à tous les reclassements, et les procédures judiciaires, les larmes, tout le bazaar.

Les médocains, ils disent: Nous, on a classé selon des critères objectifs, comme le prix de vente des vins au moment du classement. Vous vous faites dans le subjectif, des goûts et des couleurs. C'est pas sérieux.

Les Saint-Mimilionnais ils disent: Nous on a classé en fonction de la qualité des vins dans le moment présent, pas y'a 150 ans. Vous vous vivez dans une époque déchue où on se racontait encore en se tapant sur les cuisses, près du feu, le bon vieux temps où on décapitait du noble pour se distraire, et on se la jouait sans-culottes pour impressionner les filles. C'est pas sérieux.

Fichier:Sans-culotte.jpg



Et à travers tout ca, y'a des crus classés en provence, espèce d'archaïsme datant d'un ancien système, avec des crus classés à 15$ la bouteille. Si quelqu'un est excité par la photo ci-contre, s'il-vous-plaît me le mentionner. Vous savez ce qu'ils en pensent les médocains et les Mimilionnais?

Dans le fond, ces classements ont été supplantés par des classements bien de notre temps, qui sont en sommes établis par les critiques, une note à la fois. On détermine de cette façon que Duhart-Milon, ils l'ont échappé avec un maigre 89, alors que le Beaucastel, à châteauneuf-du-pape, fait du sérieux et se mérite un 93.

Mais bon, souvenez-vous, les vins pas classés, c'est pas très digeste. Je soupçonne même les producteurs de mettre des sulfites dans les vins pas classés...