lundi 17 janvier 2011

De la notation sur 100 points

On note les vins sur 100 points, surtout ailleurs dans le monde. Pourquoi surtout ailleurs dans le monde? Parce qu'ici, on reste sur des notations sur 5, sur 20, ou du genre "Très bien". On y reviendra. De toute façon, la question, on se la vide.

"De youssé qu'esse-que  ca vient la notation sur 100 points?"

C'est une excellente question Gontran, regardons-ca de plus près.

En gros, en des temps barbares (mettons y'a 40-50 ans) l'être humain vivait sans le support salutaire de la notation sur 100 points. C'était le tiers monde, ou plutôt, le moyen-âge du vin. Pas le moindre indice sur la qualité de son "plush" merlot favori, sauf des 3-4-5 étoiles, bref, on nageait dans la confusion la plus totale. Pire, les gens ne savaient même pas, quand on leur mettait du vin dans le verre, si ca leur plaisait ou non, privés d'un avis précis sur la question, à savoir:  "Est-ce que ca le fait un max, ou non"

La personne qui aurait développé la notation sur 100 serait potentiellement un Australien, ou pas, en fait c'est nébuleux. Mais la personne qui a clairement popularisé la bête, c'est Robert Parker Jr., le critique le plus influent de tous les temps. Ancien avocat francophile et amateur de vin, Parker a commencé en publiant pour le plaisir un petit guide, à ses frais, et en l'envoyant à 600 personnes. Sa réputation, il l'a faite  sur le minémise....minésime....vous avez compris, 1982.

Je vous conterai l'histoire du minésime 1982 et de Parker une autre fois, on est pas là pour ca. Plutôt pour parler des notes sur 100 points. Or, c'est devenu la norme. Et pourquoi les notes sur 100 points sont populaires? Parce que le critique se commet totalement. C'est pas comme 4 étoiles sur 5. C'est 98/100. C'est la totale. C'est excitant, parce que c'est extrême, c'est big, et c'est too much. Des 17,5 sur 20, ca excite personne.

Et sincèrement, est-ce que c'est vraiment quantifiable une sensation? Un paquet de sensations? Alors, au moins, pourquoi ne pas faire les choses en grand, avec du crunchy. Donc, quelques réflexions sur le sujet, comme ca:

   1-Je me verrais très bien évaluer les films sur 100. Pourquoi pas? Et sincèrement, je pense que la notation sur 100 serait peut-être encore plus à propos pour le cinéma. Ca aurait le mérite d'être un peu plus excitant que la notation de 1 à 7 de radio-canada. Dans les films vus dans la dernière année, je donnerais volontier 98 à "Shutter Island", 94 à "Inception", 95 à "Scott Pilgrimm versus the world", et 92 à "Black Swan". Je donnerais 100 à "Oldboy", au "Fabuleux destin d'Amélie Poulain"...



Bien sûr, je donnerais 100 à presque rien, principalement des films obscurs et incompris qui intéressent pratiquement personne, genre Nosferatu des années 1920 (total boredom) et la fille du puisatier de Marcel Pagnol. Idéalement, les films artistiques et contemplatifs auraient également de très bonnes notes, puisque le plaisir au cinéma est l'ennemi de la qualité. Je donnerais 100 à citizen kane, parce qu'ils ont inventé le champ contre champ, même si je me fais $#%$? tout le temps que ca dure et que l'histoire est banale...

Y'a rien comme l'austérité poétique d'un plan fixe sur une tundra avec que dalle qui se passe, sauf le vent déchaîné sur les frêles cyprès et le râle d'un violon à l'agonie. Les personnages c'est vulgaire, l'histoire aussi.

This is rock'n'roll.

Oh hasard incroyable, on m'avertit à l'instant que mon colis est arrivé, il s'agit du "Film snob dictionnary" ( Film snob n: Reference term fort the sort of movie obsessive for whom the actual enjoyment of motion pictures is but a side dish to the accumulation of arcane knowledge about them. )
J'vous en reparle.

  2. Comme il y a une féroce concurrence entre les différentes sources de critiques, dans le monde du vin, il faudrait pouvoir choisir une source en fonction de la qualité de la critique. Donc, je propose d'instaurer une nouvelle mode, la méta-critique, qui consiste à donner une note sur 100 aux critiques de vins. On pourrait ainsi pondérer les notes qu'ils donnent en fonction de leur crédibilité. On aurait donc, par exemple:

Parker: 95
Burghound (Allen Meadows): 98
Jancis Robinson: 96
Wine spectator: 91

Suivi d'un commentaire de dégustation du genre:

Robert Parker (bordelais):
Descriptions du nez volubiles, teintées par une appréciation de l'intensité et du caractère très mûr. Affection pour les bouches sphériques et gourmandes, aux tannins enrobés. Il s'affirme par un style assez descriptif du travail au château, et une grande connaissance de la région bordelaise. Lire entre 1978 et 2011. 96+

3. Finalement, l'idée est de mon pote Olivier, mais faudrait arrêter de regarder en arrière, et réellement innover. Les 98, ou 99 sur 100, c'est clairement dépassé, et ca manque de précision. Maintenant, histoire de vraiment crééer un engouement, on part une tendance, on note les vins sur 1000. Bien sûr, à l'image de la notation sur 100, on note rien en bas de 987/1000, et idéalement, on met beaucoup de 996/1000 en montant. Parce que quand même, faut bien reconnaître la qualité.





MILLE BORNES THE FRENCH CARD GAME 1971 PARKER BROS



Au final, faut avouer que quelque soit la note, c'est difficile de quantifier avec précision un vin, et de faire consensus. Alors, les notes peuvent donner de bonnes pistes, ou pas, mais la clé reste d'essayer, et de forger sa propre opinion peu importe la note. Les journalistes au Québec choisissent de ne pas jouer le jeu, en se commettant un peu moins. Et au final, ont-ils tort? Je vous laisse juger...

Vous trouvez surement que dans mes notations de films, je l'ai totalement échappé. Vous me feriez surement confiance pour des suggestions de vins, mais à la lumière de mes goûts cinéma, me laisseriez-vous vous faire une recommandation pour le cinoche-popcorn du samedi?

C'est le même combat. Ca dépend de mes goûts, et des vôtres...

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