vendredi 17 décembre 2010

De la notion de législation, comme entrave ou comme stimulant

http://www.mercurynews.com/food-wine-headlines/ci_16826868?nclick_check=1

Article intéressant, sur des producteurs qui font des assemblages de plusieurs minémises...minésimes..millésimes!

Voilà ce que j'appelle vivre dangereusement. Ça c'est du statement. On brise les frontières, rien peut nous arrêter!

On se détend. C'est de l'assemblage de millésimes. Or, dans le monde sacré du vin, c'est tout à fait inconcevable. Ou plutôt, c'est inconcevable d'en parler. C'est tabou. C'est pas beau. Je t'ai dit de la garder dans tes pantalons et de pas la montrer au monsieur.

Dans la plupart des pays, on permet 15 à 25% de "lousse" en ce qui a trait au millésime. Ca veut dire qu'à certains endroits, on peut mettre 25% de 1987 dans un vin étiquetté comme étant un 2007. Et on a également la possibilité de mettre 25% d'un autre cépage que celui annoncé, et 25% d'une autre origine que celle annoncée.

C'est pas beau du tout. C'est pour cette raison que même si on le fait, on garde le tout secret. Et idéalement, on liquide les témoins ( Ca fait du composte en plus, c'est non négligeable dans l'équation.).

Et pourquoi pas? Si le vin est bon dans le verre, sérieusement, why not? (peanut?)

Je vous donne un exemple vécu. Avec des collègues sommeliers, on visite un producteur. Vous suivez jusqu'ici? C'est là que ca se corse. On déguste plusieurs vins, dont un pinot noir à 30$ ayant son appellation bien en vu. C'est modeste. Très modeste. Trop modeste. C'est pas fameux, ils l'ont échappé. Ca arrive, c'est vraiment difficile faire du bon vin dans certaines circonstances. On continue la dégustation.

Le producteur nous mentionne alors un autre pinot noir à 13$ qu'il pense essayer de commercialiser sur le marché Québécois. On démontre de l'intérêt, pour le goûter. Malaise. Finalement on goûte, et c'est sincèrement très bien fait! Du fruit, croquant,séduisant, beau vin. Mais le vin a pas d'appellation, parce qu'il contient un pourcentage élevé de pinot noir en provenance du chili.

Ce qui amène la réflection suivante: Est-ce que je préfère un vin arborant une identité locale forte, mais de piètre qualité, et vendu trop cher, ou un vin dénué d'identité, mais qui fait la job dans le verre à bon prix? Difficile de réponde à ce questionnement... Je pense quand même que la vérité est dans le verre. Je comprend en même temps que plusieurs vins sont un peu des témoins d'un terroir, d'un savoir-faire particuliers, et c'est ce qu'on cherche à goûter. Mais quand je vois "central coast" ou un très générique "bordeaux" sur une bouteille, je contient mon émotion. Le vin peut être grand, mais des appellations aussi vastes sont loin de garantir une qualité élevée...

Un ancien directeur de l'INAO (institut national des appellations d'origines) mentionnait, et je cite, que

"La typicité doit primer sur la qualité"


C'est terrible.

Sauf que dans le vin, la notion d'authenticité revêt souvent une importance extrême. Dans le fond, à bien y penser, si on est capable en mélangeant du pinot noir chilien et du cabernet de bordeaux de faire un vin de bonne qualité, qui soit meilleur que la somme des parties, pourquoi pas? La contrainte, elle est purement humaine. On se la fabrique en décidant que c'est innaceptable, que c'est un crime de lèse-cuvée que de mélanger l'impensable.

Personnellement, la solution, je trouve que c'est plus la transparence. Jouez franc jeu, dites-moi ce que la bouteille contient, et permettez au consommateur d'être juge en bout de ligne. C'est mal de vendre du vin californien comme étant francais, mais si on indique que c'est un mix des deux et que ca goûte bon dans la bouche, pourquoi pas?

Les règlementations devraient permettre de défendre l'usager, le consommateur, pas freiner la créativité des producteurs. Je suis prêt à parier ce que vous voulez qu'on peut faire quelque chose de rudement intéressant en mélangeant un peu de Sassicaia '97 avec un peu d'Opus one '96 et du Haut-brion 1990. Et peut-être un peu d'hermitage de Chave, pour le côté poivré. Je dis pas qu'on doit le faire. Je dis juste que c'est idiot de se priver d'essayer, sous prétexte que c'est mal.

J'ai toujours trouvé qu'avec une touche de white zinfandel, mon Yquem est plus aérien...

Surtout pour la baignade estivale

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