mardi 14 décembre 2010

De la notion de l'origine, et du marketing aussi, parce que c'est tout de même pratique...

Soyons francs, la France du vin s'en tire pas particulièrement bien présentement. Et je soumet à votre attention l'exemple ô combien crunchy de l'appellation "Grignan-les-Adhémar".

L'était une fois, laridon laridaine, l'appellation des coteaux-du-tricastin située dans le sud-est de la France, dans la région dite de la vallée du rhône. Personne implorait le père noël de déposer pour lui sous l'arbre du vin des coteaux-du-tricastin, puisque cette appellation ne faisait rêver...personne. Je m'explique. Loin d'être une appellation produisant des vins de piètre qualité, c'était malgré tout une appellation un peu fourre-tout, sans réelle tradition de qualité. C'était bon, c'était sympa, mais c'était pas compliqué. Du grenache/syrah ensoleillé, sur le fruit, le poivre, avec quelques rares producteurs qui émergaient du lot, et qui faisaient vivre à l'amateur, à l'occasion, un peu d'émotion.

Or, en 2008, c'est la cata. La centrale nucléaire locale, nommée tricastin, fuit un brin, et un léger déversement d'uranium provoque la consternation générale. On en parle dans les journaux, l'intouchable nom du tricastin devient souillé (d'uranium quand même...) et l'amateur fuit les vins de la région.

Les gens de la région, dégourdis, décident d'agir. Après deux ans, et moultes démarches administratives très typiquement françaises, le syndicat de producteurs locaux change le nom de l'appellation, tadam! pour "Grignan-les-Adhémars"

Ca manque cruellement de vision. Ou de marketing. Ou des deux.

Cette mention sera sur les étiquettes probablement l'année prochaine. Mais pratiquement personne connaissait les coteaux-du-tricastin. Des rares personnes au courant, pratiquement personne n'associait cette appellation à des vins de haut-niveau. Des rares personnes au courant de la belle qualité des vins produits dans cette région, pratiquement personne était au courant du désastre nucléaire. (nuculaire aurait dit Georges Bush fils). Surtout que ca fait quelques années. Maintenant, par contre, jamais ne n'oublierai....

Maintenant, tout est à refaire, faudra intéresser les sommeliers du Japon, du Gabon, et de Washington (ne pas prononcer le n final svp) à la cause des célèbres vins de "Grignan-les-Adhémar". Peut-être offrir des cours de prononciation? Et tenter de faire briller leurs yeux en leur comptant la tradition de qualité des vins de la région, preuve à l'appui, dans le verre s'il-vous-plaît...

C'est l'attitude: " Je fais les meilleurs vins du monde sur mon terroir d'exception, les gens vont venir à moi, c'est la moindre des choses qu'ils se renseignent sur ce que je fais".

Pendant ce temps, pour le consommateur moyen, votre appellation, ca dit que dalle. L'hésitation est de faible durée, quand sur la tablette, y'a du Grignan-les-Adhémar et du cabernet californien.

On vous aime, on aime vos vins, mais on vous en supplie, soyez pragmatiques...

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